Chasse aux pauvres-Barbès: mercredi 18 janvier 2012

P'tit tocard, nouveau camtar

 

Pas de CRS en faction ce matin à Barbès. Ce ne doit pas être si aisé de monopoliser trois fourgons de bleus pour occuper le terrain pendant quatre heures deux fois par semaine. Tant mieux pour les biffins, que la présence des tortues ninja expose à davantage de contrôles au faciès et d’arrestations. Les flics en civil eux, se contente de pousser, frapper et voler les affaires des pauvres.

Ce matin, le marché est très parsemé, il y a peu de monde.

10h05 – Une voiture de flics (immatriculée AC-498-JW 75) fait de l’intimidation, longe le trottoir au ralenti, baisse la vitre avant et fait mine d’intervenir. Mais elle continue sa route.

10h50 – Alors que deux agents de la voirie tournent en demandant aux vendeurs de menthe de libérer les passages piétons, une petite bande de flics (cinq civils et trois en uniforme) arrive sur le marché libre par le boulevard de la Chapelle. Les vendeur.euses se dispersent et la farandole des arrachages de sacs commence.

Dans la troupe, un flic disgracieux qu’on appellera « le p’tit tocard » prend plaisir à bousculer les gens, à leur arracher leurs caddies par surprise en les insultant au passage. Il s’en prend tout d’abord à un jeune garçon qui ne part pas assez vite à son goût en lui criant : « Tu le retrouveras pas ton sac, va-t’en ! Qu’est-ce tu fous là, va voir ailleurs ! Va voir ailleurs j’te dis. Si dans deux minutes tu pars pas jt’embarque ! »

A peine a-t-il terminé de rabrouer le jeune garçon qu’il s’en prend à un vieil homme qui s’oppose à ce qu’on prenne ses affaires en le bousculant : « Tu retiens pas ! Non, toi tu m’as touché, tu arrêtes maintenant, t’as rien à foutre ici ! La prochaine fois que j’te vois, jt’embarque ! Déjà tu m’dis pas « tu », t’es qui toi, t’es personne toi, pfff ! [en le regardant de haut et en faisant une mine de dégoût] ».

Dans les rapports que la police entretient avec la population, le p’tit tocard policier a le droit de tutoyer qui il veut et d’exprimer son mépris en beuglant sur les gens, tandis que le vieil homme à la soixantaine passée n’a pas le droit de faire valoir son droit au respect et de s’opposer à ce qu’on le brusque. Dans la vision du flic, l’Autre doit fermer sa gueule et obéir à ses injonctions bestiales, de surcroît s’il est étranger. L’humiliation et le rabaissement fait partie des modalités d’intervention du flic pour imposer sa domination : il agit comme un gosse qui veut démontrer qu’il est puissant...

11h05 – Un fourgon blanc Renault Master (immatriculé 342 NKP 75) vient récupérer les affaires saisies. Il semblerait que l’ancien fourgon (immatriculé 831 NWR 75), disparu de Barbès depuis la fin décembre, ait été relégué ailleurs. Aurait-il fait son temps au service des chasseurs de la rue Clignancourt ?

Ayant d’autres obligations, nous quittons Barbès à midi. Jusqu’à la prochaine fois.

Des veilleur.euses des marchés libres