SDIG de Lille

Philippe Patisson-élements d'information.

 

On ne fait pas de l’investigation, on n’a pas les moyens. Pour autant, à force de fouiner et de développer des techniques de dissimulation, on finit par apprendre sur l’ennemi bien plus que ce qu’on pensait.

En discutant avec les copains du Nord et de la Picardie, tout en creusant dans les archives et sur Internet, on a monté un petit dossier sur un vieux roublard qu’on aurait presque oublié de mentionner sur ce site, de peur de ne pas pouvoir en dire suffisamment sur lui : PHILIPPE PATISSON, 54 ans.

Philippe Patisson-juillet 2008.

 

La belle carrière de Philippe commence sur les bancs de l’école privée Sainte-Croix Saint-Euverte d’Orléans où, entre 1967 et 1975, il apprend les vertus de l’enseignement moral catholique encompagnie de nombreux jeunes garçons de bonne famille. L’école ne devient mixte qu’en 1975, alors que Philippe s’apprête à passer son Baccalauréats. C’est là qu’il se fait ses premières vraies copines, comme Christine qui reste son amie jusqu’à aujourd’hui.

On ne sait pas ce qu’il se passe dans la caboche du jeune Philippe, mais il semblerait que l’uniforme de Sainte-Croix Sainte-Euverte lui ait donné envie de devenir policier. Mais attention, pas n’importe quelle police, car quand on sort de Sainte-Croix Saint-Euverte, ce n’est pas pour finir avec les ploucs de la BAC.

Très vite, Philippe entre donc à la Direction Centrale de la Police Judiciaire comme spécialiste de la contrefaçon. Et à cette fonction, Philippe passe plusieurs années à traquer les faussaires de toutes sortes (oeuvres d’art, technologies, pharmaceutique…), particulièrement sensible aux méchants falsificateurs chinois, « tueurs d’emplois français ». Courtisé on n’en doute pas, Philippe intervient également dans des conférences à l’Institut d’Etudes Supérieures des Arts, pour sensibiliser le monde des arts au fléau du plagiat.

La consécration ne tarde pas à venir. En avril 2003 et février 2004, il est confirmé dans la fonction de commissaire principal de police en même temps que JF Papineau, que nos copain/ines poitevin.e.s connaissent bien. A Amiens, il entre en contact avec la problématique des sans-papier.e.s et devient un intermédiaire entre les collectifs de soutien et le préfet, sans abandonner pour autant sa passion pour la fausse marchandise. Désormais, non content de hanter les ventes aux enchères, il doit en plus s’arranger avec les doléances incessantes des associatifs qui lui balancent sur sa boîte mail des demandes de libération de familles sans-papiers menacées d’expulsion. Philippe, c’est un peu le flic de la bonne société : il sait se rendre utile, faire croire qu’il est dans votre camp.

Le 24 avril 2007, Philippe est nommé à la Direction Régionale des Renseignements Généraux de Picardie. Le petit garçon de Sainte-Croix Saint-Euverte débarque parmi les espions du ministère de l’Intérieur. Il dévoile son vrai visage : mouchard.

Entre temps, Philippe a pris goût à la lutte en faveur des opprimé.e.s, allant jusqu’à défiler contre l’esclavage le 10 mai 2008, à Amiens toujours. Il veut montrer qu’il est sensible, que la République qu’il représente est à l’écoute. Mais les flics à l’ancienne, du style Papineau (son collègue de Poitiers), n’aiment pas trop ça. Autant dire que cette proximité ne fait pas marrer tout le monde, alors certains ne pleureraient pas de le voir changer d’affectation.

En juin 2008, Philippe atterrit à Lille, propulsé Commissaire Divisionnaire et chef du Service Départementale de l’Information Générale du Nord. Quelle belle promotion ! Son bureau, situé dans le troisième bâtiment du Commissariat Central de Lille Sud (un des plus gros d’Europe), surplombe le parking où fourmillent les « petits flics » de la BAC et de la Sécurité Publique (autant dire, de son point de vue, la plèbe policière). Le reste de ses hommes quant à eux, sont cantonnés au « Château » de Marcq en Baroeul où, semblerait-il, la connexion internet ne fonctionnait pas à l’automne 2009 (même la police a ses défauts).

Dans la fleur de l’âge, rasé de près, portant de petites lunettes et la coupe héritée de son enfance catholique (style boy-scout), Philippe et son costume bleu-gris (vert-de-gris ça fait mauvais genre) arrivent dans les manifestations hebdomadaires du Collectif de Sans-Papiers de Lille, accompagnés des collègues de la DDSP 59-BIVP.

Philippe Patisson (SDIG) avec Yohan Tourbier et Philippe Deschotte (BIVP).

 

A partir de là, Philippe met un point d’honneur à serrer la pince des militant.e.s et activistes et à se faire passer pour un brave homme, sensible aux idées gauchistes. Il met en marche sa stratégie de séduction, joue l’approche sensible, engage le débat et dégaine autant qu’il peut sa carte de visite. A l’occasion, il aime aussi mettre en avant son côté militant, car Monsieur SDIG est membre du FLAG!, l’association de policiers gays et lesbiens. Autant dire que dans la
police, institution plutôt homophobe, c’est une posture radicale qui demande de l’aplomb. Le jour de la gay pride, il est en fonction, mais porte une casquette rose accrochée à la ceinture, par solidarité sans doute et parce que le préfet n’apprécieraient probablement pas qu’il la porte sur la tête.

Philippe Patisson à la Gay pride de Lille en Juin 2009.

 

Et lors des manifestations anticapitalistes, le voilà qui sort un badge Che Guevara pour aborder les militants (quelle couverture incroyable : le flic qui arbore un symbole communiste de la lutte armée pour plaire aux anar.e.s !). Ça marche peut-être chez certain.e.s, mais pour d’autres l’approche est trop grossière : il ne tarde pas à se faire jeter. Mal aimé dans sa maison, mal aimé par ses ennemi.e.s, Philippe n’a plus que les bras de Catherine (sa jeune recrue) pour pleurer.

Pourtant l’hostilité ne l’arrête pas, il persévère. Il se présente au stand de la Brique (le journal de critique sociale local), puis se pointe à leur soirée, se montre au camp no border de Calais (23-29 juin 2009), au débat public sur les nanotechnologies (17 novembre 2009), à la venue de Pécresse à l’université de Lille 3 (15 juin 2010)

Philippe Patisson à Lille 3 lors de la venue de Pecresse-Mai 2010.

 

et apparait même au moment d’une arrestation de lillois au camp no-border de Bruxelles pour les narguer (1er octobre 2010). Et puis finalement il se lasse, s’impatiente même, et devient agressif comme ses collègues de la DDSP.

Philippe Patisson à Bruxelles-Octobre 2010.

 

En 2011, Philippe montre peu le bout de son nez, fatigué sans doute de perdre son temps. Les milieux politiques lillois, il en a fait le tour, il peut se consacrer à autre chose. Intervenir au pôle UP-tex2 pour reparler un peu de contrefaçon ou assister aux concerts de la Gendarmerie Mobile à Sequedin par exemple. De toute façon, d’autres ont pris le relais.

Philippe, dans l’ombre du commissariat de Lille Sud, rêve sans doute déjà de Bruxelles où, peut-être, la police européenne aurait besoin de ses services (Espérons qu’il n’oubliera pas de prévenir Christine sur copains d’avant, avant de quitter Lille). Dans tous les cas Philippe gardera sa place dans notre EDVIRSP (fichier de renseignement de la SDIG) à nous.

Morale de l’histoire : méfiez-vous des « gentils flics » comme Philippe Patisson : ils sont de ceux qui vous séduisent pour mieux vous piéger, ceux qui vous analysent avant de vous cerner. Il n’y a pas de bon flic : un bon flic est un flic qui démissionne.

Merci aux copain/ines d’ici ou d’ailleurs pour leurs précieuses informations.