Chasse aux pauvres-Barbès: Samedi 4 février 2012
Stratégie de tension permanente.
Ce samedi-ci il devait faire trop froid pour nos amis de Clignancourt et de la Goutte d’Or, ils ont délaissé le terrain à leurs amis de la CRS 9.
10h03 : on arrive à Barbès, un fourgon de CRS du côté carrefour, un autre côté marché, quelques rares biffins clairsemés se tiennent sur leurs gardes le long du trottoir d’en face, la matinée s’annonce mal pour eux. Trois CRS en faction sur le terre-plein entre le marché et le métro et deux autres patrouillent plus loin, l’un d’entre eux avec une gazeuse à la main. Ça sent déjà le roussi ...
10h11 : c’est parti, le festival commence, un premier biffin est alpagué par Laurel et Hardy (le grand efflanqué et le trapu à la gazeuse) : contrôle des papiers et des sacs sur le seuil d’un immeuble qui fait face au marché. Le contrôle dure 5 mn et nos compères laissent partir le vendeur avant de reprendre leur tournée.
10h13 : une tentative d’installation de biffins est immédiatement découragée par un nouveau contrôle, sur une jeune femme cette fois-ci.
Ce petit manège va se répéter tout au long de la matinée, nos deux amis et leurs trois autres comparses, occasionnellement leurs amis dans les camions également, vont se livrer à une petite stratégie de la tension permanente en décourageant systématiquement toute installation de biffin par des contrôles à tire-larigot. En 2h, ce sont pas moins d’une dizaine de personnes qui sont ainsi contrôlées entre 5 et 10 mn chacune, avant d’être libérés avec leurs affaires. Pas d’agressivité particulière mais une volonté délibérée de dissuader et d’harceler. Et la gazeuse ne quittera pas la pogne de Hardy durant tout ce temps-là.
On retrouve ici une situation familière : même schéma qu’à Belleville où le quadrillage policier en nombre et le contrôle systématique visant à décourager et inquiéter les biffins a fini par réduire de deux tiers leur nombre.
A 13h, lorsque nous repassons par le marché après une indispensable pause café, les biffins ont profité de trois quarts d’heure de pause pour reprendre le terrain, mais les CRS font déjà leur retour.
Les théories de prévention situationnelle et de contre-insurrection ne sont pas loin : harassement systématique d’une population ciblée est une stratégie qui a fait ses preuves par le passé ("le savoir-faire à la française" dixit MAM).