Message des camarades de Paris

Les camarades de Paris ne publiaient plus de chroniques depuis plusieurs semaines. Ils ont tenu à nous donner leur explication, que nous vous transmettons ici. Nous les remercions en tout cas de nous avoir permis de publier sur notre site leurs chroniques, qui ont su illustrer pendant plusieurs mois ce que nous dénonçons. Leur décision révèle encore une fois un climat de répression à l'égard de ceux qui pointent du doigt les pratiques de la police.

 

Toute notre solidarité va aux camarades copwatcheurs de Paris !

 

A Barbès, on n'a pas lâché le terrain. On y est allé.e.s quasiment toutes les semaines depuis le mois d'août, à savoir pendant huit mois. On s'y est fait des potes parmi les vendeur.euse.s et on y a vu des choses. Des choses qu'on ne voit que sur les marchés libres, ou tout au moins dans les zones ou la police fait ce qu'elle veut.

 

Ces dernières semaines, c'est la police qui ne nous a pas lâché. On a été contraint de fonctionner « à l'américaine », c'est-à-dire de manière ouverte, sans se cacher. Pourtant, ça ne nous ressemble pas de se laisser identifier pour remplir bénévolement leurs petites fiches. Si on l'a fait, c'est pour tenir le terrain, pour ne pas les laisser gagner. On ne voulait pas fuir, on ne voulait pas tourner le dos à leurs saloperies et abandonner celleux avec qui on a sympathisé, les laisser à leur sort. C'est une problématique récurrente dans les luttes : se réapproprier la rue au risque d'être tous fiché.e.s ou y renoncer et leur laisser le champ libre...

 

Nous on croit en notre pouvoir de nuisance. Ils harcèlent les pauvres, on les harcèle. A Barbès on l'a fait parce qu'on ne risquait pas grand chose. On ne faisait qu'observer les flics, couvert.e.s par leur loi, celle qui dit qu'on peut les filmer dans le cadre de leur fonction. Alors on les a filmé. Et régulièrement, on a entravé leur sale boulot, en les tirant par le bras, en prévenant les vendeur.euse.s, en les remettant en question publiquement. Ça nous a valu des contrôles, plusieurs fois, pendant trois quarts d'heure à chaque fois. Un temps précieux pendant lequel ils foutaient la paix aux vendeur.euse.s.

 

Mais la situation évolue. Ils ont changé leurs tactiques. Ils ne frappent plus, ils n'arrachent plus, du moins pas quand on est là et qu'ils le savent. Les copain/ines vendeur.euse.s nous disent qu'en notre absence ils se lâchent. La situation est devenue loufoque : ils savent qu'on est là, mettent leurs brassards, montrent leurs cartes de police et servent du « bonjour monsieur, bonjour madame » aux personnes qu'ils agressent d'habitude. Et il est même arrivé qu'ils nous prennent pour témoin devant les gens, souriant à l'objectif et déclamant des conneries visant à nous faire passer pour des abruti.e.s.

 

Mais là on en a assez, assez de voir leurs tronches, assez de supporter leurs insanités et leur contrôle permanent. On a atteint nos limites. Barbès est une zone totalitaire, à trop y rester on finira par s'y perdre. Et puis heureusement, les gens qui y vendent n'y vivent pas, alors on les rencontre ailleurs.

 

Alors que le Conseil de Paris (par le biais de Pierre-Yves Bournazel et Roxane Decorte notamment) s'apprête à accroître les contrôles policiers sur Barbès, nous pensons qu'il est temps pour nous de quitter ce terrain ou de changer nos modes d'actions. A vrai dire, face au fascisme jusqu'alors rampant et qui se tient désormais bien droit, nous pensons qu'il ne reste plus qu'à s'insurger, à prendre les armes...

 

Les veilleur.euse.s des marchés libres

 

 

 

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