Saint-Sylvestre à Paris : nettoyage ethnique sur les Champs-Elysées

VOEUX TARDIFS DE COPWATCH NORD-IDF POUR 2012

 


Cela fait maintenant des années qu'on supporte en silence que des soldats armés défilent dans nos villes et que tout événement public mobilise des hordes de policiers casqués, et tout cela au nom d'une insécurité fantasmée. On a finit par s'y habituer, bon gré mal gré, parce qu'on ne pouvait rien y faire. Que la France prenne ainsi des airs de dictature ne semble pas nous déranger suffisamment pour demander massivement la fin de cette occupation militaire. Les français ont appris à tout accepter en silence, ou tout au mieux en maugréant devant leur téléviseur. Il est vrai que les délires sécuritaires des élites n'ont jamais empêché le peuple d'être futile et de vivre normalement. Ce n'est pas nouveau : tant que le peuple peut se nourrir de loisirs et d'illusions, il peut également supporter toutes les injustices, aussi criantes soient-elles.


Ces derniers temps pourtant, l'ambiance a drôlement changé. Les élites politiques conservatrices et réactionnaires, menées par des ténors de la droite dure (Marianni, Morano, Longuet, Ciotti, Devedjian, Raoult, Hortefeux, Vanneste, Luca et Guéant pour ne citer qu'eux) font tout pour déchirer en lambeaux le semblant de libertés qui avaient réussi à survivre à l'ère Pasqua. Ils ont inauguré une nouvelle guerre, une guerre au peuple. Pétris d'idéaux xénophobes et sécuritaires, ils contribuent quotidiennement à orienter les politiques françaises dans le sens d'un incroyable tour de vis totalitaire. Ils assassinent consciencieusement nos libertés et imposent leur stratégie de terreur médiatique, à l'encontre des étrangers et des pauvres, transformant le pays en terrain de chasse et de répression à l'égard de tous ceux qui n'entrent pas dans leurs critères définissant le «  bon citoyen » (celui qui est en situation régulière, bosse comme un esclave, consomme et ferme sa gueule).

Et ce qui effraie, ce n'est pas tant qu'il existe des réacs dans les plus hautes sphères du pouvoir, ce qui est somme toute assez banal, mais que l'ensemble du monde politique, de la gauche à l'extrême-droite, se range derrière les idéologies sécuritaires servies par quelques fous échappés de groupuscules fascistes comme Occident et le GUD. Au nom d'une peur inventée, d'angoisses créées par les médias et diffusées parmi le peuple, alimentée par des histoires de terroristes, de jeunes délinquants et de filières mafieuses, c'est tout un paysage politique qui impose la mainmise policière sur nos vies et nos esprits.

Le soir de nouvel an, lorsque nous sommes arrivés sur les Champs-Elysées, nous nous sommes pris à penser que le métro nous avait déposé par erreur en plein cœur de Moscou. Dés la sortie du métro, un dispositif digne de la Russie nous attendait : des milliers de gendarmes en faction, des grilles anti-émeute, des cohortes de camions de gendarmerie, des bataillons de policiers en civil, autour de l'arc de triomphe, le long du boulevard, tous les dix mètres, omniprésents, caparaçonnés comme des guerriers, à l'affût. Artifices interdits, alcool interdit, photographies interdites. Ce n'est pas une plaisanterie. A minuit, pressés les uns contre les autres, on a ressenti comme un malaise. Pas de feux d'artifices, pas de bouchons de champagne, même pas vraiment d'effusions de joie. Les gens regardaient autour d'eux, un peu perdus, ne sachant pas trop s'ils étaient au bon endroit et à la bonne heure. Tout le monde a bien vu des gens se faire confisquer leur bouteille de champagne, tandis que des officiers de gendarmerie, dans un accès de paranoïa, s'en prenaient à d'autres qui les avaient photographié.

 

Gendarmes mobiles le jour de l'an en tenues festives

 

Carnaval des gendarmes mobiles au sein de la foule.

 

Et lorsqu'un groupe de jeunes d'origine maghrébine s'est pris à manifester sa joie en sautant en l'air et en se bousculant un peu, aussitôt un escadron d'agents de la BAC s'est jeté sur eux et les a dispersé violemment. Plus loin un petit groupe de personnes âgées, verres à pieds à la main, a subi un assaut de la onzième compagnie d'intervention parce qu'il avait osé allumer de minuscules feux de Bengale.

 

La 11ème CI de Paris en mode tonfa au sein de la foule

Contrôle au faciès d'un jeune  en veste adidas avec sac en bandoulière.

 

Policiers en civil toujours aussi discret, ne servant à rien.

 

Plus loin encore, deux jeunes d'origine maghrébine  se font embarquer parce qu'ils ont lancé un pétard. Encore plus loin, un groupe d'une vingtaine d'adolescents – d'origine maghrébine eux aussi - se fait interpeller par une trentaine d'agents de la BAC, accusés d'avoir couru sur le boulevard en criant « 9.3 ! 9.4 ! ». Ils sont automatiquement extraits du boulevard, coincé dans le hall de la CIC, rue de Marignan, où ils sont plaqués contre la paroi, puis contrôlés et fouillés avant d'être relâchés un par un et invités à ne plus revenir. A nouvel an sur les Champs, il est interdit de se réjouir, interdit de danser et de chahuter, surtout si l'on est Maghrébin. Hideuse atmosphère de racisme.

Bien sûr, les aveugles et les hypocrites diront que tout s'est bien passé, montreront des couples qui s'embrassent et des gens qui trinquent, et pourquoi pas des touristes qui se prennent en photo avec un gendarme, reprenant en cœur dans tous les médias que « tout s'est passé sans incident ». Pour autant, Paris est la seule ville du Monde où il n'y a pas eu de feux d'artifices et la seule ville du monde où il était interdit d'allumer des feux de Bengale. Paris, capitale de tous les interdits, a montré l'image d'un pays en prise à une lamentable psychose sécuritaire. Certains touristes, venus fêter nouvel an dans la « capitale de l'amour » repartiront en se disant qu'ils ont passé cette fête dans une ville bien austère...

 

La gendarmerie nationale s'amuse avec les touristes de passage.



A deux heures du matin, en rangs serrés, les gendarmes ont ratissé le boulevard, suivis de près par une caravane de fourgons de gendarmerie gyrophares allumés et de véhicules d'entretien projetant de l'eau sur la chaussée. La fête est terminée, rentrez chez vous. Vision de dictature.

 

Ratissage et nettoyege des champs Elysées par les gendarmeries mobiles le 1er Janvier 2012 à 1h54



Sarkozy et Guéant, nous souhaitons pour cette nouvelle année que votre règne nauséabond arrive à son terme et que, déchus de votre pouvoir, vous alliez finir votre existence dans la plus grande solitude, emmenant dans votre déchéance les sordides pantins qui vous accompagnent.

Que la peur change de camps. Vous n'aurez jamais Copwatch.

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