Chasse aux pauvres à Barbès: Samedi 31 décembre 2011

Safari urbain avant la Saint Sylvestre

 

          On est arrivé.e.s relativement tôt au marché ce matin. On se disait, naïvement sans doute, que pour le dernier jour de l’année les flics lèveraient la pression sur Barbès, qu’ils auraient mieux à faire ailleurs avec le déploiement de 60 000 flics prévu par Guéant-le-Répugnant pour la nouvelle année. Ça doit suer d’impatience dans les commissariats à l’approche de la Saint-Sylvestre car ce soir s’ouvre la chasse aux pyromanes, aux fêtards en état d’ivresse et aux lanceurs de claque-doigts. Les flics transpirent sous leurs gilets tactiques et mugissent de plaisir à l’idée d’aller courir dans les rues encombrées par des hordes festives et d’aller faire tournoyer leurs tonfas. Ce soir, feu d’artifice de gaz lacrymogènes et illuminations de tasers, car la capitale est en fête !

11h11 – Sans surprise, les flics débarquent sur le marché libre. Ils arrivent à pieds, en uniforme. Les vendeurs se laissent surprendre et l’une des flics ne tarde pas à s’emparer du sac de provisions d’une vieille dame tchétchène. Celle-ci proteste énergiquement, répète que le sac est à elle et tente de le récupérer. Surgit derrière elles un grand flic aux allures de ranger, portant gilet pare-balles et pistolet mitrailleur Beretta M12 autour du cou. L’arme se balance de droite à gauche tandis qu’il vient en soutien de sa collègue contre la « dangereuse vieille dame ». Le mari de celle-ci tente de s’interposer, mais le ranger le menace du poing en lui criant « Dégage toi ! », tandis que l’autre flique hurle au visage de sa femme : « Lâche putain ! ». Tout autour, les gens sont dubitatifs, presque effrayés.

Exceptionnellement, quelques captures d’images (en attendant le film) :

 

Entretemps, une voiture de police et un panier à salade sont venus se garer à l’embranchement de la rue des Islettes et du boulevard de la Chapelle, avec un renfort de trois autres flics. La vieille dame est tirée par les vêtements et poussée dans la voiture de police, tandis que son mari tente de négocier sa libération. Mais très vite, le ranger le désigne et toute l’équipe se jette à sa poursuite et le rattrape devant la poste des Islettes, place de l’assomoir. Tout ça pour un plastique comportant quelques déodorants et gels-douche. Fuir la torture et les massacres pour venir récolter la misère et la matraque, c’est le droit d’asile selon Guéant.

Forts de leur misérable rodéo, les flics quittent la scène. Jusqu’à 14h, heure où nous avons nous aussi quitté les lieux, les flics ne sont pas revenus.

Des veilleur.euse.s des marchés libres.