Chasse aux pauvres-Barbès: Mercredi 30 novembre 2011
PARADE POLICIERE, MASCARADE SECURITAIRE.
On est pas mal occupés en ces temps sécuritaires, ce qui fait qu’on n’est pas aussi fidèles qu’on voudrait au marché libre de Barbès. Mais peu importe puisqu’on a nos relais sur place, parmi les vendeur/euse.s et les badauds, qui nous tiennent au courant de ce qu’il se passe quand on n’est pas présents.
Samedi 26 novembre, les flics ont déboulé à quatre reprises sur le marché, emportant avec eux leurs trophées habituels, caddies de bouffe et sacs de fringues, balots de cables et de bricoles. Ils sont venus nombreux, avec leur fourgon blanc et s’en sont retournés heureux, probablement satisfaits comme à leur habitude d’avoir contribué à « rétablir l’ordre républicain » à renfort de coups de pression et de bousculades animales.
Le copain d’un copain nous a fait savoir que sur son récépissé de demandeur d’asile, les flics avaient inscrit au stylo « VENDEUR A LA SAUVETTE » avec la date. C’est sans dire que le flic de base ne comprend pas grand chose à la demande d’asile, à la convention de Genève, aux persécutions et à toutes ces choses qui poussent des femmes et des hommes à fuir leur pays d’origine. Bercé par les comptines sarkoziennes et les poèmes de Guéant, le flic franchouillard voit en toute personne un.e potentiel.le voleur/euse ou profiteur/euse, vivant dans la peur permanente de la fin d’une civilisation, qui serait harcelée par les barbares et les fainéant.e.s. Bref, lui demander ce que peut impliquer une inscription de ce type sur un récépissé de demandeur/euse d’asile, ça dépasse son entendement. Ou alors il s’en fout, parce qu’il est déjà rongé par son nationalisme primaire.
10:50 – Sept flics en civil tombent du ciel, s’emparent des produits de la vente libre, accompagnés par deux civils de la voirie qui se préoccupent surtout de libérer les passages piétons de l’encombrement des cagettes, tandis que le fourgon blanc (831 NWR 75) et la voiture de l’unité cynophile viennent stationner à contre-sens sous le métro aérien. Au total, quatorze flics (cinq en uniforme) se retrouvent sur le terrain pour accomplir leur sale besogne !
La tension est palpable, les gens s’arrêtent et regardent ce qu’il se passe, curieux/ses et impuissant.e.s. Les flics sont les vainqueurs de la place, un peu comme les vandales à Rome en 410. Mais soudain, une altercation entre deux personnes surgit juste derrière leurs véhicules. Il n’en faut pas plus pour exciter la brigade qui ne se laisse pas prier pour venir bousculer tout le monde et sortir un chien de sa cage. Les flics sautillent à droite à gauche, rabrouent les passant.e.s qui ne se sont pas immédiatement prosterné.e.s devant leur grandeur et sortent déjà les matraques en prévision d’une émeute populaire, tandis que le chien s’énerve au bout de sa laisse. Quel pitoyable spectacle !
Sans demander leur reste, les flics passent les menottes à l’un des deux gars en conflit (le plus jeune bien sûr, forcément coupable) et le font monter à l’arrière du fourgon (pas du tout prévu pour le transport de personnes) où ils commencent une fouille en bonne et due forme en vue de tout le monde (la portière du fourgon est ouverte).
11:00 - Finalement, la troupe vert-de-gris repart, laissant sur place les deux flics de la voirie qui continuent d’émanciper le bitume en priant gentiment les vendeur/euses d’écarter leurs affaires : « Ça commence à bien faire, tout ça ça va aller à la benne ! ».
Dix minutes, une arrestation, quelques confiscations. Ils croient lutter contre le marché noir, alors qu’en réalité il exercent juste leur domination sur les pauvres, harcelant ceux/celles qui cherchent à survivre, punissant toujours davantage ceux/celles qui n’ont rien demandé. Pendant ce temps, Jean-Claude Menault se prélasse dans son rocking-chair...
Des veilleur.euse.s des marchés libres