Chasse aux pauvres-Barbès: Samedi 7 janvier 2011

De nouveaux braconniers s'invitent.

 

           Barbès nous a offert des surprises en cette nouvelle année. Pas de neige non, mais des nouveaux flics, tombés du ciel et parachutés sur le marché libre. On en aura vu passer des flics différents ces derniers mois, sans savoir vraiment lesquels viennent de la Goutte d’Or et lesquels de Clignancourt, sans savoir non plus leur grade et leur affectation. Encapuchonnés ou planqués derrière leurs écharpes, avec boucle d’oreille ou lunettes de soleil, en tee-shirt moulant ou en survêtement large, c’est dire combien les chasseurs de Barbès forment un ensemble bien hétérogène. Leurs matricules et leurs brassards orange, autant dire qu’on ne les a presque jamais vu. Mais leurs tronches de braconniers, on les a presque toutes enregistrées et quasiment aucun de leurs dérapages ne nous a échappé...

10h45 – Deux voitures de police viennent se garer au milieu du croisement entre la rue Guy Patin et le boulevard de la Chapelle. L’une des deux est celle de l’unité cynophile qu’on connaît déjà, qui vomit aussitôt trois flics en uniforme dont l’un s’empresse d’agripper sa gazeuse : on ne sait jamais, c’est au cas où il y aurait besoin d’asperger les yeux d’un.e vendeur.euse récalcitrant.e. La seconde voiture, garée le long du trottoir côté marché, laisse échapper deux autres flics en uniformes accompagnés... d’un « patrouilleur » de la police roumaine (Politia).

Depuis novembre, en vertu d’un accord bilatéral entre la France et la Roumanie, une quarantaine de flics roumains assistent les milices guéanistes dans leur chasse aux enfants rroms, soit disant constitués en « bandes organisées dirigées depuis la Roumanie par de véritables familles mafieuses » (citation du torchon Figaro). Guéant-le-Répugnant, dans sa mégalomanie raciste, a trouvé là un bon moyen d’augmenter la pression à l’encontre des rroms en bénéficiant de l’aide des autorités roumaines (bien connues pour leur bienveillance à l’égard des rroms). Les tchétchènes ont des soucis à se faire, car peut-être Guéant-le-Répugnant aura bientôt l’idée géniale de faire venir des agents du FSB russe pour qu’ils viennent sur le terrain partager avec les flics français leur expertise en terme de « lutte antiterroriste »...

Le flic roumain suit les français pendant qu’ils confisquent ici ou là les sacs des vendeur.euses et des passants. Un vieil homme manque d’ailleurs de se faire piquer son sac alors qu’il recharge son pass navigo à la borne. Il croit d’abord à un simple contrôle, puis se rend compte que le flic s’apprête à jeter ses provisions à l’arrière de la voiture de police. Heureusement, il arrive à convaincre l’un des policiers, sous le regard du collègue roumain, qu’il s’agit de ses achats. Ils lui rendent son sac.

Non loin de là, six flics en civils travaillent : un sac par ci, un caddie par là. Le marché s’est évidemment dispersé. En dix minutes, toute la bande organisée quitte les lieux, emmenant avec elle le complice de Bucarest. Le pauvre était bien désœuvré : pas de rroms à Barbès aujourd’hui.

- le complice de Bucarest (heure mal réglée) -

11h10 – Des kékés (on désigne ainsi des types simples d’esprit qui vouent un amour tout particulier au rodéo et à la frime) de la Police Aux Frontières viennent à leur tour passer le bonjour aux vendeur.euses. A trois au volant d’un fourgon (Renault Master blanc immatriculé 442-PWG-75) qu’ils garent en biais sur la chaussée du boulevard de la Chapelle, ils sautent du véhicule pour se planter sur la chaussée en mode intimidation, ce qui ne manque pas de faire paniquer les vendeur.euses, puis, satisfait de leur redoutable idiotie, remontent dans leur fourgon, goguenards, et poursuivent leur route.

Jusqu’à 14h, le marché est épargné par les frasques de la police et peut enfin reprendre ses droits, ce qui nous permet aussi de souhaiter une bonne nouvelle année aux vendeur.euses qu’on connaît, en espérant qu’elle leur apportera ce bonheur inespéré de ne plus voir des flics venir jouer là où eux essaient de survivre.

Bonne année et merde à l’État !

Des veilleur.euse.s des marchés libres.