Chasse aux pauvres-BELLEVILLE: Samedi 10 Septembre 2011
LA ZELE'S ATTITUDE
Paris Samedi 10 septembre, fin d’après midi. Quelques biffins commencent à installer leurs modestes marchandises boulevard de Belleville. La journée est ensoleillée, c’est le week end, les pauvres gens espèrent ramasser quelques piécettes en échange de leurs trésors. Travailler plus pour gagner plus, en somme, et tenter de manger convenablement à la fin du mois.
Mais les flics en ont décidé autrement. La chasse est ouverte ! Ils hurlent et ordonnent sans ménagement de dégager. Aujourd’hui, on peut dire qu’ils font preuve d’un grand zèle ! Loin de se contenter de leur faire remballer leurs quelques guenilles, les deux flics présents poursuivent les biffins jusque dans les rues adjacentes sur plusieurs centaines de mètres. La traque est impitoyable, ils semblent s’en donner à coeur joie.
Les quelques jeunes femmes roumaines ont beau pleurer, peiner à soulever leurs lourds ballots, ont à peine le temps de rassembler leurs enfants, rien n’y fait. Les condés les harcèlent continuellement. Quel courage ! Quel abnégation dans la chasse aux pauvres !
A quelques mètres du Darty, un commerçant du coin vient exciter les flicaillons. "y’en a marre de ces gens ! On n’en peut plus de ces roumains, de ces tunisiens et de tout ce tiers monde ! Moi, je vous le dis, il faut les renvoyer chez eux !". Le flic ne répond pas mais laisse dire. "mais, moi je vous le dis, ils nous pourrissent le quartier ! Ils se bagarrent, ils agressent les gens" hurle alors le commerçant. Encore un dont il n’aurait pas fait bon être le voisin durant l’occupation. Il va falloir m’expliquer comment des femmes avec des ballots de vêtements et des enfants peuvent agresser les gens... Cette scène est devenue habituelle, les idées xénophobes sont devenues respectables et criables publiquement. Conséquences du très enrichissant débat sur l’identité nationale ?
La patrouille reprend, la traque devrais-je plutôt dire. Le boulevard est balayé de long en large. Les biffins courrent mais heureusement ne se font pas prendre.
Le flic à la longue matraque continue implacable ses allers retours. Il aime son job, ça se voit. Il est zélé. La chasse aux pauvres le comble. Il s’adresse à un pauvre hère fatigué adossé à une voiture : "c’est votre voiture monsieur ? Si ce n’est pas votre voiture, évitez de vous assoir dessus, merci !" Ah bon ? Et depuis quand s’assoir sur une voiture est devenue un délit ?
A peine quelques mètres plus loin, il enchaîne. Il traverse la rue et crie à une jeune femme tchétchène qui attend avec son gosse et son cabat de pouvoir s’installer : "Qu’est ce que je vous ai dit ? Vous circulez !". Lasse, épuisée, la femme s’en va.
Il est 19H30, le boulevard est vide. Les biffins ont déserté le quartier. La joyeuse petite brocante habituelle n’a pu avoir lieu. Les pauvres devront trouver un autre moyen pour manger aujourd’hui.