Chasse aux pauvres-Barbès: Samedi 3 décembre 2011

     Milices Guéanistes contre demandeurs d'asile

 

     Le marché libre se tient, contre vents et marées, nouvelle preuve que les vendeur.euse.s à la sauvette n’ont pas choisi d’exercer cette activité, mais qu’ils/elles y sont contraint.e.s par leur situation sociale (les deux tiers d’entre eux sont demandeurs d’asile ou sans-papiers). Chacun.e s’abrite comme il peut du vent et de la fine pluie qui ne cesse de tomber, en occupant les espaces situés dans l’enceinte même du métro. En ce début de décembre, le marché ne désemplit pas, bien au contraire. Entre 11 heures et 14 heures, toute une foule de vendeur.euse.s s’est réappropriée la station de métro, au point qu’une dame s’exclame en descendant les marches « Je croyais qu’il y avait une manifestation ! ».

10:30 – Le fourgon blanc de la police est stationné devant le 36 rue de la Goutte d’Or, en total irrespect des règles de stationnement (sortie de véhicules). Au même moment, le marché de Barbès se disperse, suite à une fausse alerte.

10:45 – Nouvelle fausse alerte : les vendeur.euse.s sont sur le qui-vive, comme toujours.

11:11 – Débarquement attendu des milices guéanistes. Deux véhicules de police (AH-788-JB et AH-950-WB de l’unité cynophile) avec 5 flics en uniforme et le fourgon blanc (831 NWR 75) avec 5 flics en civil du commissariat Clignancourt, se jettent sur le marché. Les flics en uniforme jubilent, fiers comme des sales gosses, mines satisfaites et remarques déplacées à l’égard des personnes présentes, vendeur.euse.s ou non. Trois d’entre elleux prennent à parti un vieil homme maghrébin, le poussent contre le mur et lui tordent les bras, avant de lui fouiller les poches sans ménagement, malgré ses protestations : « Je te vois ici tous les mercredi et samedi » lui lance le plus jeune de la bande, hostile. Pendant ce temps, la flique du groupe sermonne un passant : « Qu’est-ce que tu veux ? Ici on ne vend pas, on n’achète pas, c’est la loi ! », à quoi son collègue renchérit « Y’a un problème ? Si y’a pas de problème, circulez ! ». Comme des petits coqs...

Entre temps, les civil.e.s (Trois mecs, deux filles) sont allé.e.s chasser le pauvre sur le boulevard, attrapant ici et là des sacs de marchandises. Ils/elles attrapent le sac d’un jeune tchétchène par la hanse et lui saisissent, sans même regarder son contenu. En l’occurrence, nous connaissons ce jeune tchétchène et nous savons qu’il ne vend pas, il accompagne juste ses proches. Mais la milice guéaniste ne s’embarrasse pas de ce genre de précaution : tout est bon à prendre, pourvu qu’il s’agisse bien d’un.e pauvre (et étranger.e de préférence).

11:18 – La milice républicaine quitte la place, en pénétrant dans le marché « officiel ».

11:35 – La milice repasse, remonte le boulevard de la Chapelle, contrôle une personne au passage, puis prend le boulevard Barbès en direction de château Rouge. On décide de les suivre. Les 5 civil.e.s marchent en groupe, puis se séparent à l’embranchement de la rue des Poissonniers (au niveau de la Mosquée) : deux d’un côté, trois de l’autre. Le fourgon blanc est parti stationner au croisement du boulevard Barbès et de la rue Myrha, tandis que les deux voitures de police sont parties en direction de la rue Dejean où se tient le marché libre de château Rouge (où est déjà stationnée une troisième voiture : 75N 576 76). Ça sent le traquenard...

11:50 - Paf ! Ça ne loupe pas : la troupe prend en tenaille les vendeur.euse.s de la rue Dejean. Par prudence, on évite de s’approcher trop et on retourne à Barbès. A château Rouge, il n’est pas évident de voir sans être vu.

La même équipe revient une fois à Barbès entre midi et quatorze heure, disperse le marché, puis repart.

Post scriptum : cette semaine Guéant le répugnant s’en est pris au droit d’asile, proposant de placer l’Arménie et d’autres pays (Moldavie, Bangladesh, Montenegro) sur la liste des « pays sûrs ». La conséquence de cette nouvelle attaque raciste sera que nombre d’arméniens, notamment yézides, qui demandent légitimement l’asile (les yézides appartiennent à une minorité persécutée en Arménie), se retrouveront en France sans droit au séjour, donc sans aide financière (les demandeurs d’asiles ainsi placés en procédure prioritaire ne bénéficient ni de l’accueil en CADA, ni de l’allocation temporaire d’attente (dont le montant est fixé à 10,83€/jour, soit 325€/mois)). Il ne faudra pas s’étonner de voir davantage d’arméniens vendre sur les marchés libres s’ils ne perçoivent plus aucune aide financière par ailleurs...

Des veilleur.euse.s des marchés libres